Vins et casots à Estagel
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Eléments à part entière du patrimoine et de l’identité
catalane les casots, littéralement : petite maison, en catalan, sont très nombreux dans notre vallée de l’Agly. De pierre sèche ou revêtus d’un enduit plus ou moins esthétique, de forme arrondie proche des « Orris » montagnards ou des « capitelles » françaises, faits de galets, de schistes ou de « cayrous » nos casots font partie de notre paysage quotidien. Lié à une vigne, à une famille, chacun d’eux peut raconter une histoire qui se confond avec celle de la viticulture locale. Estagel, située à la frontière entre le Roussillon et le Fenouillèdes, a connu de nombreux épisodes belliqueux pénalisant souvent son extension territoriale. Au mieux l’histoire l’inscrit comme une étape incontournable que révèle son nom latin : Villa Stagelo. Quand des temps plus paisibles sont revenus, la situation d’Estagel, au croisement des Hautes Vallées et de la Plaine est devenu un lieu où il fait bon vivre, s’installer et travailler la vigne. L’étroitesse du terroir estagellois a transformé ces hommes en pionniers des « termes » et « garrigues » alentours défrichant toujours plus loin les espaces au-delà des confins du village sur les autres communes. Ces actions de plantations très souvent collectives s’accompagnaient, de la construction d’un « casot » où l’on pouvait abriter homme et animal (mule, cheval), parfois plus d’une journée, le temps des travaux de taille et labour.
Ces constructions, qui suivent le développement du monde viticole à la fin du 19ème siècle, continueront à émailler le paysage catalan s’adaptant à l’évolution des techniques culturales. Relevant de besoin plus individuel et surtout d’une nécessité d’abri plus modeste au fur et à mesure de la mécanisation, les « casots » sont devenus moins imposants et plus modernes (disparition des murs en pierres sèches, revêtement, béton ...). L’introduction des traitements sous forme mouillables a aussi nécessité l’ajout de système de récupération d’eau : citerne, rigole, et aussi bassin pour la réalisation des bouillies, préparations viticoles.Enfin nos casots n’auraient pas l’aspect actuel sans que, déjà à l’époque de leur construction et de leur usage d’abris et dépôt d’outils, nos « avant passé » n’aient également songé à leurs aspects sinon esthétique du moins paisible et en harmonie avec la nature. Ainsi cyprès, mais aussi figuier ou amandier entouraient ces lieux de rude travail en leur donnant une touche d’humanité supplémentaire. Les casots étaient particulièrement appréciés lors des vendanges et pendant très longtemps on a vu vieilles « esgarbilles » et tas de sarments cachés pas très loin pour permettre de partager des moments conviviaux entre vignerons.